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Laissez-moi vous conter

 

Par une belle journée ensoleillée,

 

Un petit poisson ordinaire et un peu gourmand,

 

Un petit poisson de ce monde,

 

Se promenait calmement.

 

Il cherchait sans trop savoir quoi :

A manger?

Il n’avait pas faim.

À s’occuper?

A quoi faire…

Un sens?

Mais lequel…

 

Ce poisson sentait au fond de lui comme un vide, une insatisfaction, comme une mouche sur le cœur, jamais en paix.

 

Et pourtant…

 

Que pouvait-il bien désirer de plus qu’il n’avait déjà?

 

Un estomac rempli, une famille aimante et qu’il aimait,

 

Un petit lac tranquille et sans remous dans lequel se promener,

 

Au gré de ses envies.

 

La vie rêvée pour un poisson, en théorie…

 

Car que rajouter à ce qui est déjà parfait?

 

Mais voilà, pour aucune raison en particulier et toutes les raisons du monde à la fois,

 

Ce petit poisson était insatisfait, comprenez-vous?

 

Insatisfait et sans joie.

 

Comme une vie d’errance dans les limbes de l’insatisfaction.

 

Le petit poisson en était las de ses réflexions.

 

Est-ce cela le purgatoire? Vivre au Paradis et s’en imaginer un autre?

 

Bon, chercher un besoin pour le combler.

 

Se remplir un moment et oublier, et laisser aller.

 

Oublier, rêver d’une vie de poisson chat, pacha.

 

Quelle méprise!

 

Une vie de plus, une vie de mieux, une vie gâchéeencore manquée!

 

Et sur la berge un homme, un bout de roseau à la main, un cueilleur d’écailles.

 

Car là où pointe l’aiguillon de l’insatisfaction, se cache toujours un hameçon.

 

Et dans l’âtre de la cheminée, soyez surs que réchauffe déjà le marmiton

 

Un appât, une belle mouche.

 

Notre ami hésite, se méfie, tourne autour, à moitié clairvoyant.

 

Sauve-toi, il est temps!

 

Mais déjà le bouchon plonge dans les noires profondeurs,

 

La triste erreur.

 

 

Le ciel l’étouffe et le soleil le brûle.

 

Il regrette, se débat au bout de la ligne, misérable et ridicule.

 

On ne l’entend pas mais il cri, il supplie,

 

S’il vous plait qu’on me laisse en vie!

 

Et dans sa folie, sa détresse jure mille fois,

 

Qu’on ne l’y reprendra pas.

 

Car le poisson pris à l’hameçon convoite t’il encore l’appât?

 

N’ayez crainte cette histoire se termine bien,

 

Petit poisson retournera parmi les siens.

 

Écorché, écorché vif mais Vivant,

 

Comme jamais auparavant…